Noël ou pas Noël ?

L’étoile de Noël qui aurait guidé les rois mages vers Jésus est-elle une réalité scientifique et pourrait-elle nous aider à dater la naissance du Christ?

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu, en effet son astre se lever... »
Seul l’évangile selon Matthieu évoque la présence d’une étoile lumineuse qui aurait guidé les trois rois mages jusqu’à l’étable où est né Jésus. Cette affirmation sert de point de départ à l’enquête : y a-t-il eu un phénomène astronomique extraordinaire autour de l’an 1 qui pourrait s’identifier au texte biblique?

La bible elle-même fournit déjà quelques indices. Premièrement, on peut lire que Jésus est né sous le règne du roi Hérode. Or ce dernier est mort peu de temps après une éclipse de Lune survenue en l’an -4. Deuxièmement, le recensement ordonné par César et qui aurait fait fuir Marie et Joseph vers Bethléem aurait eu lieu en l’an -8. On contraint ainsi la naissance de Jésus entre l’an -8 et -4.

S’est-il passé quelque chose d’extraordinaire dans le ciel durant ces quatre années?

Une supernova, explosion violente d’étoile en fin de vie, pourrait être une bonne candidate. Malheureusement, ces explosions sont très rares dans notre galaxie et ne restent visibles que peu de temps, deux à trois semaines. Or la légende stipule que les rois mages se sont mis en route alertés par un phénomène lumineux. Ils ont retrouvé le même phénomène quelques semaines plus tard dans le ciel de Jérusalem pour être dirigé vers Bethléem. Le caractère unique de la supernova donne peu de fiabilité à cette hypothèse, on estime qu’il n’y en a que trois par siècle dans notre galaxie.

Les comètes présentent l’avantage de revenir de manière récurrente puisqu’elles tournent autour du soleil. C’est un événement spectaculaire qui aurait donc pu marquer les esprits. D’ailleurs, d’après certains textes chinois, il y aurait eu deux comètes visibles à l’œil nu en l’an -5 et en l’an -4. Mais si vraiment l’étoile de Noël était une comète, pourquoi ne pas l’avoir décrit comme telle ? Les textes parlent bien d’étoile, décrédibilisant la théorie cométaire.

Reste l’hypothèse d’une conjonction, c'est-à-dire le rapprochement apparent de deux astres dans le ciel. Lorsque deux planètes sont pratiquement dans la même ligne de visée, l’œil n’est plus capable de les distinguer et ne voit qu’un seul objet, plus brillant. Un simple logiciel d’éphémérides astronomiques permet de constater que durant l’année -7, il fût possible d’observer à trois reprises des conjonctions entre Jupiter et Saturne. Ces triples conjonctions sont particulièrement rares. En -7, elles ont eu lieu le 29 mai, le 6 octobre et le 1er décembre. A la première conjonction, les mages auraient entrepris leur voyage, à la deuxième ils auraient visité le roi Hérode et à la troisième, ils auraient été guidés vers Jésus à Bethléem. Devrions-nous fêter Noël le 1er décembre?

Reste une quatrième hypothèse, peut-être la plus crédible, l’étoile de Noël n’aurait jamais existé et tout ceci ne serait qu’une jolie légende.


Auteur: Bastien Confino

Source: EPFL